Le casting

Le rôle d'Indiana Jones

Indiana adulte

Harrison Ford

Bien évidemment, il était convenu dès le début du projet qu'Harrison Ford endosserait de nouveau le costume de l'aventurier.

Harrison Ford : « J'éprouve beaucoup de plaisir à jouer ce personnage. J'aime le style d'humour qu'il y a dans ces films et j'aime aussi le côté physique du rôle. J'ai l'impression d'être un enfant. Indiana Jones est un romantique. Mais il est aussi cynique. L'interaction entre les deux aspects de son personnage est ce qui rend le rôle si intéressant à jouer. »

À propos de la confrontation entre Indy et son père

Harrison Ford : « Ce sont deux hommes qui ne se sont jamais adaptés l'un à l'autre. Dans ce film, vous voyez un autre aspect de la personnalité d'Indiana. Il se comporte différemment en la présence de son père. Qui d'autre pourrait appeler Indy "Junior" ? »

Le saviez-vous ?

On n'échappe pas à son destin. Pour preuve, cette anecdote amusante.

Le vrai Harrison Ford !

En 1966, Fred Ross fait pression sur la Columbia pour qu'Harrison Ford signe avec eux. Il est engagé, mais il y a un petit problème… Il existe déjà un Harrison Ford (1884-1957) à Hollywood ! Quarante ans plus tôt il était l'idole de ces dames. Bien qu'il soit décédé en 1957, on demande à son homonyme de se trouver un nouveau nom. Sarcastique, ce dernier propose Junior et signe désormais ses contrats Harrison J Ford !

Le jeune Indiana

Lucas choisit River Phoenix pour interpréter le jeune Indiana Jones. Phoenix venait de donner la réplique à Harrison Ford dans Mosquito Coast (1986) de Peter Weir. Il jouait le fils du personnage de Ford.

River Phoenix et Harrison Ford

River Phoenix fut également nommé aux Oscars pour son rôle dans À Bout De Course (1988) de Sidney Lumet. Il était à cette époque le jeune acteur le plus en vogue à Hollywood. Après avoir enchaîné les rôles dramatiques, il souhaitait quelque chose de plus léger et divertissant.

Le saviez-vous ?

Le recrutement de River Phoenix fut un des secrets les mieux gardés de la production. Il paraîtrait même qu'afin de contrer une rumeur naissante, les studios auraient faire courir le bruit que Phoenix interpréterait le petit frère d'Indiana.

Le rôle d'Henry Jones

Sean Connery

Steven Spielberg : « Je voulais que Ford ait l'occasion d'être confronté à un acteur de poids, une véritable star, ce qu'il n'avait pas eu besoin de faire dans les deux précédents films. Il y a une seule personne dans le monde entier qui peut jouer le père d'Indy, et c'est Sean Connery. Sean a tout de suite été mon premier choix. Je n'ai jamais eu à y réfléchir vraiment, parce qu'à la seconde où je me suis demandé : "qui, dans l'univers du grand écran, est assez digne, assez fort et possède assez de charisme pour incarner le père d'Indiana ?", j'ai immédiatement rejeté toutes les propositions que m'avaient faites les gens du casting, pour me tourner vers Sean Connery, en ne pensant pas un instant que nous pourrions l'avoir. »

George Lucas accueillit la proposition de Spielberg avec beaucoup de scepticisme. Il faut dire que dans le script d'origine, Henry Jones était un vieil aristocrate grincheux, ce qui ne correspondait pas vraiment aux types de rôles incarnés habituellement par Connery (celui-ci venait notamment de jouer dans Highlander (1986) de Russell Mulcahy, Les Incorruptibles (1987) de Brian de Palma, ou encore Presidio (1988) de Peter Hyams).

Les bases de l'éducation

Steven Spielberg : « Je ne pouvais pas imaginer quelqu'un avec moins de présence à l'écran que Sean Connery pour incarner le père du célèbre Indiana Jones. Ford en impose beaucoup à l'écran, et je ne voulais pas qu'Harrison soit plus impressionnant que le père. »

Harrison Ford estimait beaucoup le travail de Sean Connery. Ainsi, lorsqu'il apprit que ce dernier était pressenti pour le rôle, il fut agréablement surpris, mais un peu réservé car Connery n'était que de 12 ans son aîné.

Steven Spielberg : « Je ne pensais que Sean voudrait jouer le père d'Indy. Evidemment, il avait sa marque de fabrique sur les films de James Bond. Et nous faisions nous-mêmes une sorte de James Bond. »

L'autre c'était moi !

Contre toute attente, Connery accepta. Toutefois, il fut assez mécontent du rôle tel qu'il apparaissait dans le script d'origine. Il fit donc de nombreuses suggestions afin de donner au personnage un style plus victorien, à la fois plus exubérant et chevaleresque (voir la partie Les apports de Spielberg et de Connery dans le chapitre "La quête de l'illumination"). Quand on demanda au scénariste Jeffrey Boam si c'était vraiment dans le caractère du professeur Jones d'avoir couché avec la femme à laquelle s'intéresse Indy, il répondit : « Pas du tout… Mais Sean Connery l'aurait fait !»

Le rôle d'Elsa

Pour le casting de La Dernière Croisade, de nombreux acteurs furent auditionnés à Londres et leurs enregistrements envoyés à Spielberg à Los Angeles. C'est ainsi que le rôle d'Elsa Schneider échut à une jeune irlandaise inconnue, du nom d' Alison Doody.

Après avoir fait quelques apparitions à la télévision irlandaise, Doody part tenter sa chance à Londres à l'âge de 19 ans. En 1985, elle incarne Jenny Flex, une des méchantes du James Bond Dangereusement Vôtre (1985) de John Glen. Puis elle décroche un petit rôle dans L'Irlandais (1987) de Mike Hodges, et joue avec Pierce Brosnan dans Taffin (1988) de Francis Megahy.

Le saviez-vous ?

Dans L'Irlandais, son personnage s'appelle Siobhan Donovan. À croire qu'elle était prédestinée…

Un jour, Alison reçoit un appel de son agent : Spielberg recrute pour son nouveau film et il veut la rencontrer. Elle pense avoir peu de chances. Spielberg recherche une femme autrichienne de 28 ans environ ; elle est irlandaise et en a 24. Elle obtient néanmoins un deuxième entretien où on lui donne quelques lignes à interpréter avec l'accent allemand. Quelques semaines plus tard, elle reçoit un appel téléphonique : elle a le rôle.

Alison Doody : « Le plus beau moment pour moi fut quand j'ai appris que j'avais le rôle. J'étais si ravie et heureuse. […] J'étais assis sur mon lit et je pensais : "oh mon dieu, je vais jouer avec Harrison Ford". C'était merveilleux. »

À propos du personnage

Alison Doody : « Elle est entre les deux [précédentes partenaires d'Indy]. Elle ne hurle pas à la moindre occasion ; c'est une femme très indépendante. En fait, ils ont voulu revenir davantage au ton du premier film, alors je pense qu'Elsa ressemble plus au personnage de Karen Allen, mais elle n'est autant garçon manqué. Elle est tout à fait comme Indiana Jones, dans le sens où elle part et réussit à trouver ce qu'elle veut [en l'occurrence le Graal]. Je dirais qu'elle est sans aucun doute plus solide que le second personnage. C'est une femme vraiment intelligente. »

Le rôle de Sallah

Retour de John Rhys-Davies dans le rôle de Sallah. L'action se déroule deux ans après celle des Aventuriers, et Sallah est devenu plus prospère.

À propos du personnage

John Rhys-Davies : « Il a laissé derrière lui le terrassement et possède un petit commerce d'antiquités. […] Il est vieilli et est un peu plus gros. Cette fois, nous le voyons sans sa femme et ses enfants. Il est un peu plus résolu maintenant, il est davantage décidé d'en venir aux mains avec les allemands. Mais à part ça, c'est toujours le même bon vieux Sallah. »

À propos de la relation d'amitié entre Sallah et Indy

John Rhys-Davies : « C'est une des ces relations que vous savez s'être forgée avec le temps et que par conséquent l'on ne pense pas un instant à remettre en question. Nous partons du principe que nous sommes amis, que nous nous attirerons des ennuis, mais que d'une manière ou d'une autre nous trouverons un moyen de nous en sortir. Je pense que la relation Indiana / Sallah est très solide, très stable. La relation entre Sallah et Marcus Brody est légèrement plus protectionniste. Sallah essaie de veiller sur lui car il n'est pas extrêmement compétent. »

Le rôle de Marcus

Retour également de Denholm Elliot dans le rôle du conservateur de musée Marcus Brody. Cette fois, il apparaît plus longuement à l'écran que dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue.

À propos du personnage

Denholm Elliot : « [C'est] un professeur excentrique et un aventurier malgré lui qui dit toujours la mauvaise chose au mauvais moment. C'est l'ami d'Indiana et son patron à l'université. Quand Indy part à l'aventure, Brody l'accompagne parfois et se retrouve dans toutes sortes de situations inconfortables.

Denholm Elliot : « J'ai beaucoup aimé jouer dans Les Aventuriers, mais je n'avais pas grand chose à faire. Dans La Dernière Croisade, Marcus a été développé afin d'en faire un personnage humoristique. Concrètement, il a deux pieds gauches ! Il est totalement perdu dès qu'il quitte sa bibliothèque. […] J'aime la comédie ; la vie est si ennuyeuse et si triste sans elle. Marcus est vraiment le personnage comique du film. C'est une sorte de vieil idiot. Au beau milieu d'une situation dramatique, il fait quelque chose de totalement stupide. Il prend soin d'Indy, mais il était plus sérieux dans le premier film. Il y a également des moments très sérieux dans La Dernière Croisade, quand il est sur son territoire, mais une fois qu'il en est sorti, il est comme un canard hors de l'eau ! Et ce fut très plaisant à jouer ! »

Les méchants

Walter Donovan

George Lucas : « Un bon méchant ne peut pas être un bouffon ou quelqu'un de drôle. Ce doit être quelqu'un que l'on craint et qui a les motivations réalistes d'un être humain normal. »

Le rôle de Walter Donovan, le riche homme d'affaire qui emploie les Jones pour trouver le Graal, fut confié à Julian Glover, un acteur anglais ayant fait parti de la Royal Academy of Art. Glover avait déjà joué les méchants dans plusieurs grosses productions hollywoodiennes.

Il interpréta notamment le général Veers dans L'Empire Contre Attaque (1980) de Irvin Kershner, ainsi qu'Aris Kristatos, l'ennemi de James Bond dans Rien que Pour vos Yeux (1981) de John Glenn. Curieuse similitude : Kristatos se faisait passer pour un homme d'affaire grec, millionnaire et apparemment tout à fait respectable, alors qu'il était en fait un contrebandier d'héroïne, marchand d'esclave, et tueur pour le compte du KGB.

Le saviez-vous ?

C'est Robert Watts, le producteur du film, qui proposa Julian Glover, son voisin à Londres, mais pour le rôle du colonel Vogel. Spielberg trouva que Glover avait le côté à la fois aimable et menaçant de Donovan et préféra lui confier le rôle de l'industriel américain.

Isla Blair

La femme de Donovan fut jouée par la propre femme de Julian Glover, Isla Blair.

Le Colonel Vogel

Michael Byrne

Le rôle du colonel Vogel, un officier de la police secrète allemande, échut à Michael Byrne. Celui-ci avait déjà travaillé avec Harrison Ford dans L'ouragan vient de Navarone (1978) de Guy Hamilton ; il y jouait un général allemand…

L'Agent de la Gestapo

Comme dans les précédents films, Pat Roach, le méchant attitré de la série, fait une apparition, mais plus discrète cette fois. Il incarne un agent de la Gestapo qui accompagne Vogel dans le Zeppelin pour arrêter les Jones. Malheureusement, cette partie de la scène a été coupée au montage ; on l'aperçoit brièvement en compagnie de Vogel, au sol, juste avant avant qu'ils ne montent dans le ballon dirigeable.

Le saviez-vous ?

Pat Roach est avant tout un sportif. Il fut champion d'Europe de catch catégorie Poids Lourds. Depuis Les Aventuriers de l'Arche perdue, il joua les "gros costauds" dans plusieurs autres superproductions hollywoodiennes : Jamais plus jamais (1983) de Irvin Kershner, Conan le destructeur (1983) de Richard Fleischer, Willow (1988) de Ron Howard et Robin des Bois, prince des voleurs (1991) de Kevin Reynolds (il incarne un chef Celte dans la bataille à la fin du film).

Adolf Hitler

C'est l'acteur écossais Michael Sheard qui interpréte Adolf Hitler dans la scène de l'Autodaffé à Berlin (il n'est d'ailleurs pas crédité). Il avait déjà incarné 5 fois ce personnage à l'écran avant sa prestation dans La Dernière Croisade. Sheard avait également joué l'Amiral Ozzel dans L'Empire Contre Attaque, ainsi que le capitaine du sous-marin U-Boat dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue (voir chapitre : Scènes coupées du making-of Les Aventuriers de l'Arche Perdue).

Le saviez-vous ?

Michael Sheard avait aussi passé une audition pour incarner l'agent de la Gestapo Toht dans Les Aventuriers, mais c'est son ami dans la vie Ronald Lacey qui obtint le rôle.

Ronald Lacey fait une petite figuration dans La Dernière Croisade. Il tient le rôle de Himmler (l'officier Nazi avec les petites lunettes rondes).

La petite fille au tricot rouge (vignette n°2) qui demande une dédicace à Hitler, s'appelle Georgina, c'est la fille de Vic Armstrong, le célèbre cascadeur qui double Harrison Ford dans la trilogie (elle jouait déjà avec son père dans L'Empire du soleil de Spielberg).

La dédicace du film

La scène dans laquelle Hitler dédicace le calepin fut d'abord tournée en Angleterre. Ce n'est que bien plus tard, lors de la postproduction, que l'on s'aperçut que le nom du Führer était mal orthographié ! Michael Sheard avait malencontreusement signé Adolph au lieu d'Adolf. La scène de la dédicace fut donc retournée à ILM.

D'abord, on pouvait lire : "Meilleurs vœux, Adolf Hitler" (en allemand, bien sûr). Mais Steven Spielberg trouvait que la signature mettait trop de temps à être écrite. La scène fut tournée avec Mike McAlister (superviseur des Effets Visuels) dans le rôle de Hitler et Don Bies (des Archives de Lucasfilm) dans le rôle d'Indy !

Le cheval d'Indy

N'oublions aucun artiste : le cheval qui accompagne Indiana dans la scène du tank n'était pas un débutant. Il fut également le cheval de John Rambo dans Rambo III (1988).

Bilan

En résumé, le casting de La dernière Croisade fut très "Bondien" : pas moins de 9 acteurs choisis pour ce film avaient déjà joué dans un James Bond : Sean Connery, Alison Doody, John Rhys-Davies, Michael Byrne, Billy J. Mitchell (Dr. Mulbray), Vernon Dobtcheff (le valet du château), Julian Glover, Stephan Kalipha (le mitrailleur du tank) et Pat Roach.

Contrairement aux Aventuriers de l'Arche Perdue, l'heure n'était plus aux économies. Entre temps, la marque de fabrique Indiana Jones était devenue une valeur sûre sur le plan commercial. Lucas et Spielberg pouvaient se permettre des libertés. Un budget de 44 millions de dollars fut donc présenté à la Paramount, dont 20 % était prévu pour les acteurs ! On comprend les réticences initiales du studio.

Texte : Jean-Michel Hurrier


Dernière mise à jour le 28/05/2012

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