Frank Marshall (Producteur) : « Nous nous sommes aussi servis de vraies tarentules, tout au début du film. À un moment, Alfred Molina, qui jouait le rôle du guide d'Indy, doit en avoir 25 sur le dos. Le pauvre, c'était son tout premier jour de tournage, il n'osait rien dire et il accepta de faire la scène avec les tarentules comme le voulait Steven. Il y avait un dresseur de tarentules qui lui avait donné ce conseil : "Si vous ne les embêtez pas, elles ne vous embêteront pas non plus", alors Alfred nous a déclaré qu'il ne bougerait pas. Steven avait remarqué qu'Alfred commençait à être très nerveux et il lui a proposé : "S'il y a quoi que ce soit, ou si tu sens que tu commences à avoir peur, tu dis 'assez' et l'on arrête". Puis, on a mis les tarentules sur le dos d'Alfred et d'Harrison. Pas besoin de dire qu'Alfred n'était plus qu'un bloc de marbre. Mais à peine avions nous dit "action"… Une tarentule saute du dos d'Alfred sur son visage. Le pauvre était tellement mort de peur qu'il ne pouvait pas dire un mot. Steven a pensé que c'était une scène superbe, mais nous avons préféré enlever la tarentule. »
L'Écran Fantastique N°22
D'apparence terrible, les tarentules s'avérèrent extrêmement fragiles. Ainsi, le dresseur les prévint qu'une chute sur le sol depuis le dos de l'acteur pouvait tuer net l'animal (voir ainsi la délicatesse avec laquelle Harrison Ford les chasse du dos de Molina). Lors de ces prises de vues, un filet était installé juste sous la caméra pour récupérer saines et sauves ses charmantes créatures. S.F.X. N°13
Au sujet de cette scène Alfred Molina raconte l'anecdote suivante.
Alfred Molina : « J'entends Steven dire : "Pourquoi elles ne bougent pas ? On dirait des fausses !". L'éleveur d'araignées dit : "C'est que ce sont des mâles, si je leur mets une femelle, ils se battront. — Bon mettez une femelle". Il prend une femelle, la pose sur moi, et d'un coup, c'est l'enfer ! Les araignées courent partout, tombent, se battent et courent sur mon visage.
Et Steven s'écrie : "Tournez, tournez !". Il me dit "Fais mine d'avoir peur". Je lui dis : "Mais, j'ai vraiment peur". » DVD de bonus
À l'origine, deux mille cinq cent serpents avaient été commandés, mais il s'avéra que cette quantité était loin de suffire à remplir le gigantesque décor. Quatre mille cinq cent reptiles de plus furent commandés au Danemark !
Lors de la séquence où Indiana Jones est confronté à des serpents, on peut remarquer que certains des reptiles paraissent bien inertes. En effet, bien que les producteurs du film aient dévalisé les animaleries aux alentours des studios, il manquait plusieurs dizaines de serpents. Steven Spielberg a donc décidé de les remplacer par des serpents en caoutchouc et des morceaux de tuyaux d'arrosage !
À l'issue du tournage, le décompte des serpents laissa apparaître un manque de plusieurs dizaines de spécimens…
Michael Culling (responsable des serpents) : « La plupart des serpents devaient être tenus à l'écart de tous. En réalité, peu de gens savent quelles sont les espèces dangereuses. Un cobra par exemple peut paralyser une personne en trente secondes et la tuer en moins de trois minutes. Leurs mâchoires sont suffisamment puissantes pour que leurs crochets à venin parviennent à traverser le cuir le plus épais. Il passera assez de venin pour que la victime sombre dans l'inconscience instantanément… Nous ne pouvions tourner ces scènes sans avoir du sérum anti-venimeux à notre portée. La veille du tournage, nous nous sommes aperçus que ceux que nous avions étaient périmés ; Paris étant la seule ville où nous pourrions remplacer ces vaccins, nous nous les sommes faits expédier par avion aussitôt. »
Stanley Kubrick faisait construire le décor de l'hôtel de The Shining (Shining) sur un plateau voisin des mêmes studios d'Elstree. C'est à cette occasion que les deux réalisateurs se sont rencontrés pour la première fois.
Vivian Kubrick filmait un documentaire sur le film de son père et débarqua dans le studio où était tournée la scène avec les serpents. Elle fut très choquée que Spielberg semble montrer si peu de respect pour ces pauvres petites bêtes (Il y avait en effet beaucoup de serpents morts).
Vivian Kubrick : « Steven, ceci est trop cruel ! »
Elle fit appel à la SPA locale (RSPCA) et la production fut arrêtée pendant une journée… Pour pouvoir reprendre le tournage, Spielberg fit installer des "loges" pour ses petits acteurs, en fait des poubelles en plastique avec litière et nourriture !
Les scènes avec les serpents ont-elles posé des problèmes particulier ?
Harrison Ford : « Pour moi non. Les plus gros problèmes ont relevé de la production, car l'idée du script était que le feu effrayait les serpents et que les personnages se frayaient un chemin parmi eux grâce à cela. Or ces idiots, loin d'avoir peur, se jetaient en direction des torches car pour eux, c'était une source de chaleur… (rires). Il a donc fallu s'arranger pour que le feu paraisse plus terrifiant que sécurisant… Mais les serpents ne me font pas peur, ne provoquent pas chez moi de répulsion. Vous savez, je me suis occupé de camps d'adolescents, en pleine nature, pour Karen Allen, c'était différent… Il faut dire à sa décharge, qu'elle n'était pas aidée : en robe, sans chaussures. »
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La scène présentait-elle néanmoins des dangers ?
Harrison Ford : « Aucun. Le seul serpent dangereux était le cobra, et il a été filmé à travers une glace. Il n'y avait donc aucun risque pour quiconque, sinon pour les gens qui le manipulaient, mais nous avions toute l'assistance médicale nécessaire. »
L'Écran Fantastique N°22
Le cobra (vue de dos, image ci-dessus) était une sculpture de Brian Muir !
Comme il bouge légèrement à l'écran il s'agit peut-être d'un animatronique (créature animée ou robotisée), ou plus sûrement d'une marionnette à gaine ? On voit d'ailleurs Spielberg jouer avec ce type de marionnette en forme de cobra dans le making of du film présent sur le DVD de 2003.
Karen Allen : « Je jouais la scène pieds nus, avec rien sur le dos, si ce n'est une très légère tenue de soirée […]
[…] La plupart étaient inoffensifs et n'étaient pas vraiment des serpents. En fait, pour la plupart, c'était des lézards appelés "serpent de verre". On peut littéralement mettre son doigt dans leur gueule. Ils ne mordent pas. »
Jules Sylvester : (dresseur des animaux pour La Dernière Croisade et Le Royaume du Crâne de Cristal) : « Les "serpents de verre" sont des lézards sans pattes. De vrais lézards qui peuvent mesurer jusqu'à un mètre ! Ce sont des lézards parce qu'ils clignent des yeux. Les serpents ne clignent pas. »
Steven Spielberg n'hésitait pas à "manier du serpent" pour obtenir coûte que coûte des réactions réalistes, quitte même à en lâcher sur le dos de son actrice.
Karen Allen : Au cours du tournage, un serpent avait mordu un python qui mourut instantanément, et Steven mit le python mort dans une caisse remplie de glace pendant trois ou quatre jours jusqu'à temps que sa chair pourrisse. Puis, il attendit le tournage de la scène où Harrison escalade la statue dans le Puits des Âmes et que j'attends en bas avec ma torche qui est en train de s'éteindre. À ce moment, Harrison Ford fait tomber un serpent sur moi, et c'est le python mort de Steven qui m'est tombé dessus ! J'étais recouverte de morceaux de serpent gluants et dégoulinants et j'ai dû les retirer un à un. Ce fut le moment le plus grotesque du film. »
Lucasfilm Magazine N°45
Steven Spielberg : Dès qu'elle ne m'apercevait plus, elle regardait aussitôt au-dessus d'elle… »
Lucasfilm Magazine N°30
Steve Edge (dresseur des animaux) : « Dans la scène où Indiana et Marion sont jetés dans la fosse aux serpents au milieu du désert, ils ont des torches enflammées pour tenir les serpents à distance, mais ces torches s'éteignent lentement.
Karen n'était pas prête à entrer dans le Puits des Âmes avec de vrais serpents et aucune doublure n'avait été prévue. Alors j'ai fini par me raser les jambes, et j'ai enfilé la robe blanche. Quand vous voyez la séquence avec seulement les jambes, ce sont les miennes et celles d'Harrison Ford ! »
Avez-vous eu des problèmes avec les serpents dont vous vous serviez dans le film ?
Frank Marshall : « Nous avons utilisé beaucoup de serpents : des milliers. Ils venaient d'Angleterre et d'un peu partout en Europe. Nous avions des pythons, des cobras, des boas constrictors etc. Mais chacun l'a bien accepté. En fait, après trois ou quatre jours de tournage, tout le monde y était habitué, du moins pour ceux qui n'étaient pas venimeux. On ne s'habitue jamais à ceux qui sont venimeux… Comme après avoir été mordu par un cobra, il ne vous reste que deux minutes à vivre, les avis étaient plutôt partagés à leur sujet. Mais nous ne les avons gardés que 7 ou 8 jours. Personnellement, je déteste les serpents. Je ne les supporte pas. Mais je ne m'en suis pas soucié et j'ai fait ce que je devais pour le film… Et j'ai dû les rencontrer. J'ai appris à les connaître, et en fait, ils ne sont pas si terribles que ça. Cela ne veut pas dire que j'en adopterai un chez moi (rires). »
L'Écran Fantastique N°22
Le petit singe a posé quelques problèmes à l'équipe de tournage. Bien que "dressé", il n'en faisait qu'à sa tête. Les acteurs qui partageaient l'écran avec cette vraie vedette ont dû le te tenir (plus ou moins discrètement) par la queue pour qu'il daigne exécuter ses figurations.
À l'origine il y avait deux singes !
Frank Marshall : « En Tunisie nous avions des singes jumeaux, Stnuff et Puff, mais Puff a fait une dépression nerveuse quand il est arrivé. Il a été placé chez le vétérinaire de Tozeur.
Puff a commencé à trembler, ne pouvait rien tourner et ne voulait pas manger, alors que Snuff a fait un certain nombre de choses dans le film. »
Mais ce n'était pas un acteur très docile. Pendant la séquence dans le bar arabe, il s'est brûlé la patte avec une lampe et son dresseur Steve Edge s'est blessé à la jambe en essayant de le rattraper.
L'une des scène préférée de Steven Spielberg est celle où ce petit singe fait le salut Nazi (une trouvaille de George Lucas).
La "voix" du petit singe qui crie "Heil Hitler" fut réalisée par l'acteur Frank Welker (spécialiste des voix de dessins animés et de bruitages). Par la suite, elle fut mixée avec de vrais cris de singes !
Les scènes où il devait agir seul étaient encore plus problématiques. Ce fut le cas pour le fameux salut Nazi. Après avoir essayé diveres méthodes, comme une baguette tapant sur la tête du singe afin qu'il se protège avec la main, cette scène fut finalement réalisée avec du raisin accroché à une canne à pêche, le singe essayant d'atteindre cette friandise avec la main. Il fallut 50 prises avant d'avoir un semblant de salut.
Pour la scène dans le camion, de guerre lasse, l'équipe utilisa un bon vieux trucage pour donner l'impression que le singe, sur les ordres de son maître, se cachait dans la cabine du camion. Ils ont simplement passé le film à l'envers !
Frank Marshall : « Nous avons travaillé avec un singe. C'est lui qui nous a posé le plus de problèmes, c'était un vrai traitre. Nous lui avons donné tout ce qu'il voulait, de la nourriture, même de l'argent (rires), mais il ne faisait rien de ce qu'on lui demandait. »
L'Écran Fantastique N°22
À Hawaï, l'équipe utilisa deux ânes bruns dans la scène d'ouverture, mais aussi pour transporter du matériel. Les pauvres bêtes épuisées, il fallut en trouver deux autres.
Robert Watts : « Le samedi dans l'île de Kauai* nous avons fait une randonnée dans nos "montagnes sud-américaines". C'était probablement notre journée de tournage la plus facile, parce que nous avons seulement marché quelques kilomètres, rien de bien méchant comparé à notre nid à moustiques dans le bas de l'île (le décor du Temple des Chachapoyans était près d'un plan d'eau infesté de moustiques).
Nous avions deux ânes que nous avons utilisés pour toutes ces randonnées dans Kauai.
Ils servaient aussi bien à la première qu'à la seconde équipe. Malheureusement, les deux ânes se sont mis à boiter. Toute la journée du dimanche nous avons essayé de trouver des ânes de remplacement à Kauai, parce que nous en avons besoin pour la continuité du tournage.
Nous n'en avons trouvé aucun le dimanche. Le lundi matin, nous en avons trouvé deux, mais ils n'avaient pas la bonne couleur. Nous les avons donc teints en brun avec du spray à cheveux. Nous allions tourner sur la côte de Napali, qu'on ne peut atteindre qu'en hélicoptère. Non seulement nous devions nous héliporter, mais nous avions maintenant deux ânes qui devaient subir le même sort. Donc nous avons acheté une caisse et obtenu un hélicoptère avec un treuil. Nous avons bandé les yeux des ânes et un par un, ils ont fait le voyage sous l'hélicoptère jusqu'au lieu de tournage. »
Dossier de presse
*Kauai (Kaua‘i en hawaiien) est la plus vieille des îles principales de l'archipel d'Hawaii et la quatrième par la superficie, avec 1430 km². Elle est aussi connue sous le nom de Garden Isle (Ile Jardin).
Kathleen Kennedy (associée de Steven Spielberg) : « Nous faisions quelques plans supplémentaires dans la soute du Bantu Wind, où l'Arche était entreposée. Pour les besoins de la scène, la soute était pleine de rats.
Richard Edlund (le superviseur des effets spéciaux) devait réaliser un plan avec effet spécial, où la croix gammée apposée sur le devant de la caisse de l'Arche devait brûler.
Le travelling avant de la caméra vers la caisse, devait diriger les rats vers elle, mais à cause du bourdonnement émis par l'Arche, ils faisaient demi-tour et partaient en courant.
Malheureusement, la caméra a écrasé la queue des rats. Nous devions nous arrêter parce que nous entendrions "EEEEEEEEEEE". Richard hurlait, "Stop ! Stop ! " Nous regardions sous la caméra, certains d'y trouver des petits rats. Nous les retirions - ils n'étaient pas blessés, on leur avait juste roulé sur la queue. Nous avons tourné la scène plusieurs fois. Et finalement, nous avons obtenu l'effet désiré, les rats courant vers l'Arche ; et la plupart d'entre eux se dispersant dans les coins sombres. C'était génial !
Mais il y avait ce rat qui, tout à coup, a couru vers l'Arche, puis s'est arrêté et a commencé à tourner en rond sur lui-même. Il ne cessait de tourner en rond, ce qui était parfait, car il semblait que le ronflement de l'Arche lui blessait les oreilles. Richard et moi étions très inquiets parce que nous ne savions pas ce qui n'allait pas avec lui. Nous avons pensé qu'il avait peut-être la peste, ou quelque chose comme ça.
Nous avons appris par la suite de la bouche de Mike Culling (le dresseur des animaux) qu'il avait élevé ce rat depuis qu'il était bébé, qu'il était sourd et avait également un problème d'équilibre. »
Dossier de presse
Dernière mise à jour le 28/05/2012