Il existe beaucoup de scènes coupées au montage, comme celle de l'Idole avec ses yeux humains (voir Les reliques), ou encore celle nachevée du duel entre le fouet et le sabre (voir Les problèmes). Je vous proposons de découvrir certaines de ces scènes.
La Louma fut utilisée sur trois décors : Celui de la scène finale lors de l'ouverture de l'Arche, celui du Puits des Âmes et celui de la taverne de Marion. Pour cette dernière, un plan séquence très long fut tourné, mais il n'en reste qu'une infime partie dans la version finale du film.
Jean-Marie Lavalou : (co-inventeur de la Louma) : « Le parti-pris de la séquence dans la taverne népalaise était dès le début de tourner un plan séquence très élaboré. Il démarrait tout en haut dans les mezzanines où les clients regardaient le duel plus bas. On s'approchait de Marion et de son adversaire jusqu'à ce qu'on soit très proche, alors qu'ils éclusent les verres d'alcools. Il y avait tout un jeu de caméra, elle s'éloignait à un moment donné pour voir toute la foule autour, la tension montait au fur et à mesure que les verres se vidaient. Au final, le plan a été énormément raccourci au montage parce qu'il ne collait pas au rythme du film. »
Lucasfilm Magazine N°45
Effectivement dans le film tel qu'on le connaît aujourd'hui, rien ne peut laisser deviner que le bar comporte un niveau supérieur. Conscient de l'exploit technique réalisé avec cette séquence Spielberg offrit une copie intégrale du plan au technicien français Jean-Marie Lavalou.
La Louma, aussi appelée Louma Crane aux États-Unis est une invention française. Jean-Marie Lavalou et Alain Masseron en sont les co-inventeurs (son nom est la contraction de leur deux noms). Cette invention révolutionnaire est une caméra contrôlée à distance accrochée au bout d'un long bras télescopique. Elle peut donc littéralement se promener dans les airs, filmer à grande hauteur puis passer au ras du sol dans le même plan.
Elle fut utilisée pour la première fois sur le film Le locataire de R. Polanski, puis sur 1941 de Steven Spielberg.
En 1981 Alain Masseron et Jean-Marie Lavalou ont obtenu un Oscar technique pour l'invention et la mise au point de la Louma.
Les retrouvailles d'Indy et de Marion étaient pour le moins tendues. Après avoir essuyé un crochet du droit de la part de Marion et en avoir esquivé un second, Indy était soumis à une véritable douche écossaise. Marion menait le jeu et la scène se terminait par un baiser torride. La scène fut coupée pour maintenir la tension "sexuelle" entre les deux personnages.
On retrouve ce passage dans le roman Les Aventuriers de l'Arche Perdue de Campbell Black.
Marion : « Donne-moi les cinq mille dollars maintenant, et reviens demain.
Indy : Pourquoi demain ?
– Parce que j'en ai décidé ainsi. Parce qu'il est temps que tu apprennes à attendre ce que tu désires. »
Il sortit l'argent de sa poche et lui donna. « D'accord, je te fais confiance.
– Tu es un idiot.
– Oui, soupira-t-il. J'ai déjà entendu ça. »
Il descendit de son tabouret, se demandant où il allait passer la nuit, et se dirigea vers la porte.
« Fais une chose pour moi », dit-elle. Il se retourna et la regarda. « Embrasse-moi. Pour me rafraîchir la mémoire.
– Et si je refuse ?
– Alors, ne revient pas demain. »
Il rit et s'approcha d'elle, surpris par sa propre impatience, puis par la brusque sauvagerie du baiser de Marion, par sa façon de lui étreindre la nuque par sa langue qui fouillait sa bouche. Les baisers de la jeune femme étaient loin ; une femme l'embrassait à présent, une femme qui avait appris tous les gestes de l'amour. Elle se dégagea, sourit, puis chercha son verre.
"Et maintenant, va-t'en", murmura-t-elle. […] » Les Aventuriers de l'Arche Perdue
Bien qu'aujourd'hui noyée dans une action au rythme effréné, l'histoire devait comporter un véritable triangle amoureux. En effet Marion n'était pas insensible au charme de Belloq, jusqu'au moment où elle découvrait son côté obscur. Il est amusant de constater qu'Indy est finalement assez jaloux (donc amoureux !), il suffit de voir sa réaction à chaque fois que Marion arbore une nouvelle tenue offerte soit par Belloq soit par Katanga.
L'actrice Pola Churchill interprétait le rôle de Susan, l'étudiante qui fait des œillades au docteur Jones dans la salle de classe et bien dans ces scènes coupées, on découvre qu'elle était sa maîtresse !
Elle avait deux scènes avec Indy et Brody. La première dans le couloir de l'université après la classe. Et une seconde où elle croisait à nouveau Brody dans la maison d'Indy. Souvenez-vous de la bouteille de champagne chez Indy et le fait que Lucas voulait que notre aventurier soit un cavaleur.
Une mise en garde importante concernant le pouvoir de l'Arche d'Alliance a été coupée au montage. Il s'agissait de deux commandements à respecter :
- Ne pas toucher l'Arche sous peine de mort - Ne pas regarder l'Arche ouverte sous peine de mort
• Une des ces scènes se passait chez l'iman, quand Indy et Sallah viennent faire traduire les inscriptions du médaillon. Une des faces du médaillon donne la hauteur du bâton de Ra, l'autre complète cette hauteur et comporte la fameuse mise en garde divine. Ce qui explique enfin la réplique d'Indy à Marion à la fin du film, quand qu'il lui demande de ne pas regarder au moment de l'apocalypse finale.
On retrouve ce passage dans le roman Les Aventuriers de l'Arche Perdue de Campbell Black.
« […] Venez voir », dit soudain l'imam d'une voix caverneuse et solennelle. Indy et Sallah s'approchèrent et le religieux leur désigna les différentes marques gravées sur le médaillon. « Celle-ci est une mise en garde… "Ne touchez pas à l'Arche d'Alliance…" » – Ça commence bien », murmura Indy. […]
[…] Le vieil homme leva la main. « Je ne sais pas qui est Belloq, mais ce que je sais, c'est que la mise en garde n'est pas de celle que je prendrais à la légère, à votre place. Il est écrit que ceux qui ouvriront l'Arche et en déclencheront la puissance mourront s'ils la regardent en face… » L'imam avait une expression grave et une lueur inquiète passa dans ses yeux, tandis qu'il prononçait ces paroles.
La scène suivante se passait quand Sallah et Indy découvrent l'Arche d'Alliance dans le Puits des Âmes. La première fois que Sallah voit l'Arche, il tente de la toucher, mais Indy l'en empêche, lui rappelant l'avertissement de l'Imam.
Il souleva avec l'aide de Sallah la plaque de pierre qui fermait le coffre. À l'intérieur, plus belle qu'il ne l'avait imaginée, se trouvait l'Arche. Pendant un moment, rempli d'admiration il contempla le coffret en bois d'acacia et les ailes en or des deux anges qui brillaient sous la flamme de sa torche. Il regarda Sallah qui, lui aussi, admirait l'Arche dans un silence respectueux Indy avait maintenant hâte de l'emporter. Sallah avança la main vers elle.
« Non, Sallah, ne la touche pas » L'Égyptien retira sa main. Ils traînèrent la caisse de bois jusqu'à l'autel et se munirent des deux leviers qu'ils avaient emportés avec eux. Ils passèrent entre les ailes des anges, soulevèrent le lourd coffret et le déposèrent dans la caisse.
Les Aventuriers de l'Arche Perdue
Voici trois scènes coupées qui se suivent chronologiquement. Elles se situent pendant qu'Indiana Jones est dans la Salle de la Maquette (ou des Cartes selon la version) pour essayer de trouver l'emplacement exact du Puits des Âmes. Sallah est resté seul à la surface et fait le guet.
On retrouve aussi ce passage dans le roman Les Aventuriers de l'Arche Perdue de Campbell Black.
Sallah entoura la corde autour de son bras et se dirigea vers le fût d'essence. Trop absorbé dans sa tâche, il ne remarqua pas la jeep qui s'était arrêtée non loin de lui. Il sursauta en entendant la voix forte de l'Allemand. « Hé, toi là-bas ! » Sallah s'efforça de sourire humblement. « Oui, toi ! Qu'est-ce que tu fais ici ? – Rien, rien » Il écarta les mains en signe d'innocence. « Apporte-moi cette corde. Ma jeep est ensablée. »
Sallah hésita, puis il détacha la corde du fût et l'apporta jusqu'à la jeep devant laquelle un camion vint s'arrêter.
« Attache la jeep au camion ! » ordonna l'Allemand. Sallah s'exécuta. Il suait abondamment, saisi d'angoisse à l'idée de perdre la corde. Les moteurs vrombirent, les roues patinèrent dans le sable, et il regarda, douloureusement impuissant, les deux véhicules s'éloigner, l'un tirant l'autre en remorque. Comment allait-il sortir Indy de la Salle des Cartes, maintenant ?
Les Aventuriers de l'Arche Perdue
Il suivit machinalement l'attelage sur une dizaine de mètres, puis il s'arrêta, sans remarquer qu'il se tenait près d'une grande marmite de soupe posée sur un réchaud. Plusieurs Allemands étaient assis autour d'une table, et l'un d'eux l'appela pour qu'il leur apportât à manger.
« Hé, toi Tu es sourd ? »
Sallah se retourna, surpris, et marqua un instant d'hésitation avant d'acquiescer d'un signe de tête obséquieux. Il décrocha la lourde marmite et la porta jusqu'à la table. Il pensait à Indy pris au piège dans la Salle des Cartes et se demandait ce qu'il pourrait faire s'il ne trouvait pas une corde dans les prochaines minutes.
Sallah est contraint de servir des Allemands affamés. Paniqué,il renverse de la soupe sur un soldat.
Il se mit à servir, ignorant les grossièretés des soldats. Dans sa hâte, il renversa de la soupe sur un Allemand. Celui-ci se leva d'un bond et le gifla.
« Idiot ! Regarde ce que tu as fait à ma chemise ! » Sallah baissa la tête et s'excusa, tandis que la fureur grondait en lui. « Va me chercher de l'eau vite ! » Sallah disparut en courant. […]
Les Aventuriers de l'Arche Perdue
Au grand dam de Spielberg, la scène trop enfumée par la présence de pneus qui brûlaient en arrière-plan ne fut pas retenue, car jugée trop sombre.
Dans une autre scène coupée, Sallah cherche quelque chose pouvant faire office de corde. Ce qui explique ensuite la présence dans le film de la "corde" faite de chemises, de pantalons, de tuniques et même d'un drapeau à croix gammée.
[…] Sallah n'alla pas chercher de l'eau. Il se faufila entre les tentes, avec l'espoir qu'aucun Allemand ne l'arrêterait à nouveau. Il se mit à chercher fébrilement une corde. En vain. Pas le moindre bout de ficelle en vue. Il fureta de-ci de-là, priant pour que son manège n'attirât pas l'attention sur lui. Que pouvait-il trouver pour sortir Indy du trou ? Il s'arrêta. Plusieurs cantines étaient alignées entre deux tentes, leurs couvercles ouverts. S'assurant que personne ne l'observait, il se dirigea vers elles. […]
On comprend ainsi mieux pourquoi ils se font interpeller par des soldats Allemands alors qu'ils traversent le camp.
[…] Suivi d'Indy, il se fraya un chemin parmi les tentes. Ils n'aperçurent pas l'Allemand qui faisait les cent pas avec impatience. « Hé, toi J'attends toujours mon eau ! » Il se tourna vers Indy. « Et toi, Encore un paresseux de plus. Pourquoi tu ne travailles pas ! »
Sallah alla au-devant de l'Allemand tandis qu'Indy, après une courbette des plus obséquieuses se dépêchait de filer dans l'autre direction.
Les Aventuriers de l'Arche Perdue
Alors que la lourde plaque de pierre du Puits des Âmes se refermait sur Indy et Marion, les choses n'allaient guère mieux pour le pauvre Sallah. Les Allemands avaient décidé qu'il devait être exécuté. Un jeune soldat devait effectuer le sale boulot, mais il était confronté à un dilemme, obéir aux ordres et tuer un étranger inoffensif, ou le laisser vivre.
Sallah s'en sortait habillement en prétextant que lui, pauvre Arabe inculte, s'était fait berner par Indiana Jones, qu'il prenait pour un Allemand.
Ce rôle fut confié à Martin Kreidt, un jeune touriste allemand passant ses vacances en Tunisie. Cet acteur inexpérimenté a pourtant réussi à exprimer brillamment cette dualité dans une scène pleine d'émotions. Malgré ce véritable tour de force la scène ne fut pas conservée.
Quand Indy et Marion émergent du Puits des Âmes, ils tombent nez à nez avec un ouvrier Égyptien qui s'évanouit à leur vue. Ne subsiste de cette scène que l'ouvrier inconscient adossé au mur.
George Lucas : « Il y a quelques blagues que nous n'avons pas gardées pour préserver le ton général du film. À la sortie du Puits des Âmes, il y avait un terrassier - il voyait deux personnes sortir du tombeau et s'évanouissait. C'était un peu bébête. »
Au début de cette scène, juste avant que le sous-marin ne plonge, on pouvait apercevoir Michael Sheard dans le rôle du capitaine du U-Boat.
Pour Les Aventuriers de l'Arche Perdue Michael Sheard avait à l'origine auditionné pour le rôle de l'officier de la Gestapo Toht. Mais le rôle fut attribué à son ami Ronald Lacey. Il devient alors le capitaine du sous-marin allemand. Mais… À cause de retards de la production et d'un engagement sur un autre tournage (une série télé), ses scènes furent pour la plupart annulées… Quelques années plus tard, à l'occasion d'Indiana Jones et la Dernière Croisade, Spielberg l'engagea pour tenir cette fois le rôle de Hitler.
Il a aussi joué le rôle de l'Amiral Ozzel dans L'Empire contre-attaque.
Michael Kahn (monteur) : « Nous avons fait qu'un petit changement après une projection privée à San Francisco. Pendant la séquence du sous-marin, il y avait un plan où Indy se cramponnait au périscope. C'était bien, parce qu'on comprenait mieux comment il avait pu parvenir à la base de nazis sans se noyer. Malheureusement, il y avait pas mal de commentaires qui disaient que c'était un peu stupide, que l'idée était invraisemblable (rires), alors nous avons retiré ce plan. Ça a été le seul grand changement dans le film ! »
L'Écran Fantastique N°21
On retrouve ce passage dans le roman Les Aventuriers de l'Arche Perdue de Campbell Black.
L'eau était froide et tourbillonnait autour de lui. Indy s'accrochait au bastingage, les muscles endoloris. Le fouet mouillé se rétrécissait autour de son buste. Tu cours le risque de te noyer, pensa-t-il, se demandant si la mort par noyade était douloureuse ou non. Le sous-marin risquait de plonger à tout moment, et lui avec. Soudain, une chose le frappa. Son chapeau. Il avait perdu son chapeau.
Ce n'est pas le moment de se montrer superstitieux, se dit-il. Ni de se livrer à l'éloge funèbre d'un aussi fidèle et loyal serviteur que mon vieux feutre. Soudain le submersible commença de s'enfoncer dans les flots, tel un grand poisson de métal. Indy avança sur le pont, de l'eau jusqu'à la ceinture, parvint jusqu'au kiosque et grimpa sur la petite plate-forme supérieure. Le sous-marin plongeait toujours. Son perchoir fut bientôt la proie des eaux. Il se hissa un peu plus haut, agrippa le périscope, mais celui-ci s'enfonça à son tour, lentement. Arrête-toi, arrête-toi supplia-t-il. Mais quelle idée de s'accrocher à un sous-marin, se dit-il. Tu ne t'attendais tout de même pas à une promenade en ski nautique, non ? Frissonnant, grelottant, il sentit la longue tige du périscope lui glisser inexorablement entre les doigts.
Mais brusquement, comme si quelque divinité marine avait entendu son appel, le submersible cessa de plonger. » Les Aventuriers de l'Arche Perdue
Le calvaire d'Indy dure encore quelques paragraphes, avant, qu'épuisé il n'atteigne enfin l'île des nazis, sanglé sur son drôle de véhicule.
Dernière mise à jour le 28/05/2012